Les troubles des conduites alimentaires (TCA).
- Julie MATHEUDI
- 2 juin
- 6 min de lecture

Cette semaine, je te parle des troubles des conduites alimentaires (TCA). Ce sujet me touche profondément. Si tu ne le savais pas, j’ai moi-même souffert d’hyperphagie boulimique et d’orthorexie pendant plusieurs années. Ces troubles ont impacté ma santé, ma relation à moi-même et aux autres. Les TCA sont bien plus qu’un simple rapport conflictuel avec la nourriture : prise ou perte de poids extrême, souffrance physique et mentale, image de soi perturbée, difficulté à retrouver confiance en son corps parfois...
Derrière chaque trouble des conduites alimentaires (anorexie, boulimie, hyperphagie boulimique, orthorexie) se cache des mécanismes complexes qui influencent la relation au corps et à l'alimentation. Ce n’est ni une question de volonté, ni une mode. Selon l’INSERM, les troubles des conduites alimentaires concernent 1,5 à 3% de la population, avec une prévalence plus élevée chez les jeunes femmes.
Mais c'est quoi un TCA ? Quelles sont les causes qui les alimentent ? Et surtout, comment peut-on avancer vers une guérison plus sereine et naturelle ?

Qu’est-ce qu’un trouble des conduites alimentaires ?
Les TCA se caractérisent par des comportements alimentaires perturbés ayant des conséquences néfastes sur la santé physique et mentale.
L'anorexie mentale est caractérisée par une restriction alimentaire extrême, une peur intense de prendre du poids, et une distorsion de l’image corporelle. Elle peut entraîner de graves complications médicales, notamment des carences nutritionnelles, un dérèglement hormonal et des atteintes cardiaques sévères.
La boulimie se manifeste par des épisodes de surconsommation alimentaire incontrôlables (crises de boulimie), suivis de comportements compensatoires (vomissements provoqués, hyperactivité physique, jeûne strict). Elle engendre des risques accrus de troubles digestifs et métaboliques, ainsi qu’une grande détresse émotionnelle.
L’hyperphagie boulimique implique des crises de boulimie, mais sans comportements compensatoires. Cela entraîne fréquemment une prise de poids excessive et des complications comme l’obésité, la résistance à l’insuline et un dérèglement du métabolisme énergétique.
L’orthorexie est une obsession excessive pour une alimentation jugée “saine”, conduisant à des restrictions sévères, une anxiété alimentaire et une perturbation sociale (isolement lors des repas).
L’ARFID (Avoidant/Restrictive Food Intake Disorder) n’est pas motivé par une peur de grossir, mais par une restriction alimentaire sévère liée à une hypersensibilité sensorielle (textures, odeurs, couleurs des aliments), une peur intense des conséquences digestives (étouffement, nausées, douleurs) et un désintérêt général pour la nourriture, entraînant une sous-alimentation chronique, des carences graves et des complications métaboliques.
Les troubles des conduites alimentaires atypiques et moins connus
Pica : ingestion compulsive de substances non alimentaires (terre, craie, papier…)., souvent associé à des carences nutritionnelles sévères, notamment en fer.
Mérycisme : régurgitation répétée des aliments, suivie de leur remastication ou réingestion.
Diaboulimie : touche les diabétiques qui réduisent ou augmentent volontairement leurs doses d’insuline afin de perdre du poids.
Drunkorexie : restriction volontairement de son alimentation pour compenser une consommation excessive d’alcool.
Night Eating Syndrome (NES) : crises alimentaires exclusivement nocturnes, souvent associées à des troubles du sommeil et une prise de poids incontrôlée.
Permarexie : obsession chronique pour les régimes alimentaires, sans pour autant répondre aux critères stricts de l’anorexie.

Une combinaison complexe de causes
Les TCA ne sont jamais dus à une seule cause. Ils résultent d’une interaction complexe entre plusieurs facteurs biologiques, psychologiques et socioculturels, qui influencent la relation à l’alimentation et au corps.
Les facteurs biologiques des troubles des conduites alimentaires
Les mécanismes biologiques impliqués dans les TCA sont multiples et concernent notamment :
Dérégulation hormonale : La ghréline, hormone de la faim, est souvent perturbée chez les personnes atteintes de TCA. La leptine, qui contrôle la satiété, est diminuée dans l’anorexie mentale, favorisant la restriction alimentaire. Les systèmes dopaminergique et sérotoninergique, impliqués dans la régulation des émotions et du plaisir, sont souvent altérés.
Impact du microbiote intestinal : Les études récentes sur l’axe intestin-cerveau montrent un lien entre dysbiose intestinale et TCA, avec une modification du microbiote pouvant influencer l’appétit et l’humeur.
Prédisposition génétique : Des études ont mis en évidence des polymorphismes génétiques associés aux TCA, notamment sur des gènes impliqués dans la régulation de la dopamine et de la sérotonine.
Les facteurs psychologiques des TCA entre vulnérabilité et émotions
Les aspects psychologiques jouent un rôle fondamental dans le développement et l’entretien des TCA, induisant une faible estime de soi et du perfectionnisme. Des événements de vie difficiles (stress chronique, traumatismes) peuvent être des déclencheurs, notamment via la régulation du cortisol. Une altération de la perception corporelle est présente chez les personnes souffrant de TCA. Une distorsion de sa propre image corporelle qui est souvent renforcée par les influences sociales (familles, amis, réseaux sociaux, télévision...).
Les facteurs socioculturels et normes toxiques
L’environnement joue un rôle clé dans la survenue et l’entretien des TCA. L'influence des médias et des réseaux sociaux avec des standards de beauté irréalistes et l’extrême valorisation de la minceur ont un impact significatif sur le développement des TCA. La normalisation des régimes restrictifs et du contrôle du corps favorise aussi l’apparition de troubles alimentaires. Certaines études montrent que les comportements alimentaires des parents peuvent avoir un effet sur les enfants, notamment par la transmission de l’anxiété alimentaire.
Les TCA sont multifactoriels, ce qui explique pourquoi leur prise en charge doit être pluridisciplinaire et adaptée aux besoins de chaque personne. Une approche intégrative associant psychologie, nutrition, médecine et régulation émotionnelle est souvent la plus efficace pour favoriser une guérison durable.
La naturopathie a-t-elle sa place dans le parcours de soins des TCA ?
Je me pose la question en tant que naturopathe mais aussi en tant qu'ancienne boulimique. L'approche holistique de la naturopathie permet d’agir sur les déséquilibres physiologiques, émotionnels et énergétiques qui contribuent à ces troubles mais à condition d'être en accord et coordination avec l'équipe soignante.

Soutien du système digestif et du microbiote
Les troubles alimentaires perturbent souvent le système digestif, entraînant des ballonnements, une mauvaise assimilation des nutriments et des déséquilibres du microbiote intestinal. En naturopathie, on peut proposer des probiotiques pour restaurer l’équilibre du microbiote, des plantes pour apaiser les troubles gastro-intestinaux...
Régulation du stress et des émotions
Les TCA sont souvent liés à une gestion émotionnelle difficile, avec un stress chronique qui amplifie les comportements alimentaires compulsifs. La naturopathie propose des techniques pour apaiser le système nerveux (cohérence cardiaque, massage bien-être, réflexologie...), pour améliorer la perception de son corps et des sensations alimentaires (pleine conscience) ou pour favoriser un sommeil réparateur, réduire l’anxiété ou le cortisol par exemple.
Rééquilibrage nutritionnel et micronutrition
Les troubles des conduites alimentaires entraînent souvent des carences nutritionnelles qui affectent autant le corps que l’esprit. En tant que naturopathe, mon rôle est d’orienter vers une diététicienne spécialisée, afin d’assurer une prise en charge adaptée aux besoins spécifiques de chaque personne. La relation à l’alimentation étant profondément liée aux émotions et à l’histoire personnelle, un accompagnement psychologique est fortement recommandé pour avancer vers un équilibre durable.
Travail sur l’image corporelle et la relation à l’alimentation
La naturopathie encourage une reconnexion bienveillante avec son corps et son alimentation à travers techniques de libération émotionnelle, comme l’EFT (Emotional Freedom Technique) et une approche psycho-émotionnelle pour déconstruire les croyances limitantes autour du poids et de l’alimentation.
Le mot de la fin...
La naturopathie ne remplace pas un suivi médical ou psychologique, mais elle peut constituer un soutien pour les personnes souffrant de TCA. Il est essentiel de s’orienter vers des professionnels de santé qualifiés, reconnus par des organismes certifiés et d’éviter les pseudo-coachs autoproclamés qui promettent des "solutions miracles" sans fondement scientifique.
Tu as des questions sur les troubles des conduites alimentaires ? Pose-les à des spécialistes !
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Rappelle-toi que tu n’es pas seul(e) !
Prend soin de toi,
Julie
Rappel : les critères essentiels pour choisir une naturopathe compétente :
✅ Un naturopathe est un professionnel qualifié qui :
| ❌ Les "RED Flags" :
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Références :
IFAC, CHA de Nantes, Les troubles du comportement alimentaire
Jean-Louis Schlienger (2025) Nutrition clinique pratique. Chapitre 23 Troubles du comportement alimentaire. Elsevier Masson. ISBN : 9782294786501.
INSERM (2020), Anorexie mentale, Un trouble essentiellement féminin, à la frontière de médecine somatique et de la psychiatrie.
Haute Autorité de Santé (2019), Boulimie et hyperphagie boulimique : Repérage et éléments généraux de prise en charge.
Haute Autorité de Santé (2010), L’anorexie mentale, un trouble du comportement alimentaire à prendre en charge rapidement.
Decyk, A., & Księżopolska, M. (2022). Orthorexia nervosa - the border between healthy eating and eating disorders. Roczniki Panstwowego Zakladu Higieny, 73(4), 381–385.
Fédération Française Anorexie Boulimie (2025). Les Troubles des Conduites Alimentaires, parlons-en !